Une cueillette

26 juillet 2014

La pluie.
Le soleil étincelant.
Le feu de bois.

Les chevreuils à l’orée de la forêt.
La mousse gorgée d’eau sous les bottes.

Et les odeurs.

Parfums de feuilles.
De résine.
D’humus.
De champignons.

Mêlés, puissants.

Automne dans les Landes.

La saison des contrastes.
A la fois flamboyante et mystérieuse.

Encore comblée de la richesse des étés.
Souvent alanguie de chaleur.

Mais qui pense à l’hiver, et s’y prépare.
Pour ses jours les plus froids, blancs et feutrés.

Il pleut.

En courtes averses, ou longues bruines.
Voilant le paysage.

Et puis les rayons se faufilent entre les gouttes, entre les branches.

Faisant briller les feuilles cuivrées des chênes.
Les fougères rousses.
Les troncs noirs des pins.
Leurs aiguilles lumineuses et parfumées.

Je l’attends toujours avec la même impatience, ce moment qui revient pourtant chaque année.

Dès le matin nous nous préparons.

Nous regardons le jour se lever doucement.
Dissipant peu à peu la brume de rêve, dorée, qui baigne les grands arbres autour de la maison.

Alors nous enfilons nos bottes, prenons les paniers, les couteaux.
Et nous partons chercher les champignons.

Il n’y a plus de pots en terre, accrochés aux troncs pour recueillir la sève.

Plus de gémelles, ces longs copeaux de bois ramassés au pied des pins.
Et que l’on glissait dans les pignes, collants de résine, pour allumer le feu.

Mais pour le reste, tout est pareil.

Nous marchons lentement, tête baissée.
Soulevant les fougères avec précaution.

Ecartant les branches rebelles qui reprennent aussitôt leur place.
Non sans avoir aspergé de gouttelettes fraîches le promeneur innocent.

Mais cela en valait la peine.
Ces éclats orangés dans la mousse, ce sont bien des girolles.

Et un peu plus loin, blotties dans l’herbe, de délicates chanterelles grises.

Et là ! Juste au bord du sentier, des lactaires.
Je passais à côté, j’ai failli ne rien voir.

Et ces chapeaux d’un brun velouté, des cèpes, enfin trouvés !

La cueillette sera encore bonne cette année.

Quelques châtaignes en acajou verni.
Bogues ouvertes d’un coup de talon.

Et les dernières bruyères.
Couchées dans le panier qui déborde.

Sur le chemin du retour chacun montre ses trésors.
Qui a récolté les plus beaux ?

On s’exclame, on se dispute un peu, on rit beaucoup.

Vite, au chaud !

Une flambée.
La poêle qui grésille.
La table mise…

Quel bel Automne !