Trois livres

5 juillet 2014

Aujourd’hui, j’irai à la bibliothèque.

Je dois rapporter trois livres.
Et j’en prendrai trois autres.

Trois, si la moisson est généreuse.
Mais deux peuvent me contenter.
Ou même un seul si le jour est moins faste.

Dans ce cas, j’ajouterai quelques revues.
Elles vont alourdir mon sac et le charger ainsi d’un poids délicieux et prometteur.

Une habitude et un plaisir.

Un petit bonheur qui m’attend.
Et qui commence dès le moment où j’arrive dans ce lieu magique.

Nous nous y côtoyons entre aficionados.

Léger signe de tête et bonjour murmuré.

Un salut certes discret, mais tout à fait chaleureux dans ce cadre.
Ici, on ne fait pas de bruit.

Je flâne dans les rayonnages.

Je butine.

J’examine les couvertures des titres proposés.
Les dos des exemplaires qui sont rangés.

Quand un détail m’attire chez l’un d’eux, je le saisis.
Je l’ouvre au hasard et en lis quelques lignes.

Si elles me touchent, je le garde.
Sinon je le remets à sa place.

Une seule phrase peut me plaire, ou au contraire me gêner.
Quelquefois un mot suffit.

Il y a des livres qui suscitent le malaise.
Et d’autres, même difficiles, qui donnent envie de les suivre.

En fait, peu importe le genre ou l’histoire.

Je ne lis pratiquement jamais les résumés.
Et rarement les préfaces, d’ailleurs.
Sauf à la fin, si l’ouvrage terminé, je veux en savoir plus sur l’auteur.

Il s’agit à chaque fois d’un appel, d’une rencontre, d’une invitation au voyage.

Comme si le lapin d’Alice me disait :
“Viens avec moi…

Tu vas découvrir quelque chose que tu n’as jamais vu.
Que tu ne peux pas imaginer.

Mais où tu vas pourtant te retrouver.

Tu seras gaie, surprise, émue.
Dans un univers entre deux mondes, rêvé par quelqu’un d’autre.

Et que tu vas connaître, comprendre et aimer.”

Quand j’ai fait mon choix, je rassemble mon butin et je regagne la maison.

Je vais tout de suite poser mon sac dans la chambre, puisque c’est là que je veux lire.

Il reste encore beaucoup d’occupations avant la nuit.

Mais je m’en acquitte sans impatience.
J’ai envie de retarder l’instant attendu.
Afin que ce plaisir anticipé dure le plus longtemps possible.

Puis vient l’heure du coucher.

Alors je prépare mes petites affaires.

Un verre d’eau à portée de main sur la table de nuit.
La couverture pliée, prête à être étendue d’un geste, au cas où j’aurais froid.

Le paquet de biscuits, facultatif bien sûr, mais on ne sait jamais…
Une légère faim peut se faire sentir au moment palpitant.

Quand chaque chose a trouvé sa place, je rentre dans le lit.

Les oreillers sont très importants.
Il faut les choisir avec soin, en tester le gonflant et la fermeté.

Il y a ceux pour dormir.
Et il y a ceux pour lire.
A chacun ses goûts, mais l’essentiel est d’être installé confortablement.

Parfois je trouve tout de suite la bonne inclinaison.

Mais souvent j’ai du mal et c’est un peu long.
Trop haut, trop bas, trop tassé.

La nuque est bloquée en avant ou pas assez tenue.
Le dos est raide ou très relâché.
Et les jambes dans une mauvaise position.

Enfin, j’y suis !
Bien calée.
Complètement détendue.

J’exhale un soupir satisfait.
Je suis prête.

J’ouvre mon livre…

La traversée peut commencer.